Modification du programme

Pour des raisons imprévisibles de force majeure, nous avons le regret de vous informer que le prof Severino Elias Ngoenha ne pourra pas participer au Colloque Acedle 2022. Nous regrettons cet imprévu dans le programme.

Severino Elias Ngoenha

Universidade Técnica de Moçambique (Moçambique)

Recteur de l’Universidade Técnica de Moçambique (d. 2015). Doctorat en Philosophie (Pontifícia Universidade Gregoriana, Roma). Professeur de Philosophie de l’Education, Interculturalité, Philosophie Africaine, entre autres. Professeur associé du Département d’Anthropologie et Sociologie de L’Université de Lausanne. Ses travaux se situent dans les domaines de l’anthropologie, la pensée africaine, la philosophie de l’éducation et l’interculturalité.

On a l’habitude de considérer les langues africaines, notamment celles du sud du Sahara, comme des langues bantoues. L’un des anciens ministres mozambicains de la culture le plus connus nous a même traités de bantophones. Cependant, nous oublions d’ajouter que les processus de migration internationale Nord-Sud, après les Arabes, ont amené les langues européennes (le portugais, le français et l’anglais, voire l’espagnol et l’italien) dans cette partie du monde.

Celles-ci sont venues et, dans un premier temps, se sont imposées comme langues coloniales. Au moment des indépendances, nous nous les sommes appropriées (comme un trophée de guerre – dirait Pepetela) comme instruments de la construction de nos pays naissants. Aucun pays africain n’a abdiqué les langues bantoues de son peuple, mais nous leur avons ajouté des langues et des langues autrefois coloniales. Ainsi, le portugais, le français et l’anglais ont cessé d’être coloniaux pour devenir, comme les autres, de plus en plus africains ; non pas en vertu de la colonisation ou d’organismes néocoloniaux tels que la Francophonie ou les PALOP, mais par une décision autonome et consciente des gouvernements africains qu’elles pourraient être un espace d’inter-dialogue et une condition de création d’africanités différentes.

C’est à travers elles que nous fabriquons nos unités internes, que nous communiquons avec les autres nations. C’est pourquoi elles sont doublement interculturelles, parce qu’elles sont nées des discours occidentaux, mais aujourd’hui elles incluent nos discours, elles en veulent quotidiennement à nos vies existentielles ; elles apprennent, au quotidien, à être l’expression de nos sentiments, de nos vicissitudes historiques et de nos circonstances.

En ce sens, bien compris et interprétés, elles sont l’espéranto interculturel d’un monde possible en construction.

Ana Sofia Pinho

Universidade de Lisboa (Portugal)

Ana Sofia Pinho est professeure dans l’Institut d’Education de L’Université de Lisbonne. Elle travaille en Didactique des Langues, Curriculum et Formation des Enseignants, en particulier dans les domaines de la pédagogie pour la diversité et les partenariats université-écoles-communautés.

Dans cette intervention, je me propose d’analyser la formation d’enseignants et de formateurs d’enseignants par rapport au concept de mondialisation. Pour le faire, je suit le chemin de la diversité linguistique et culturelle en éducation, tout en dialoguant avec la notion de ‘citoyenneté linguistique’, telle quelle a été définie par Stroud (Lim, Stroud, et Wee, 2018). Dans ce contexte, j’adopte une perspective praxéologique critique de la didactique et de la formation, c’est-à-dire je me situe dans la pédagogie de la formation et je prends comme point de départ ma pratique de formation et de recherche pour analyser les pratiques de formation et le développement professionnel soit de futurs enseignants, soit de moi-même comme formatrice d’enseignants, avec le but de les problématiser et théoriser (Hutchings et Shulman, 1999 ; Mahon, Heikkinen, et Huttuten, 2019).

Cet encadrement me permettra de partager quelques idées sur le curriculum de formation et sa gestion, particulièrement sur la formation pédagogique des enseignants, mais aussi de situer cette question dans une vision plus large de la construction de la connaissance en éducation, que semble demander, notamment, un paradigme de la communication.

 


Hutchings, P., & Shulman, L. (1999). The Scholarship of Teaching: New elaborations, new developments. Change: The Magazine of Higher Learning, 31(5), 10-15, DOI: 10.1080/00091389909604218
Lim, L., Stroud, C., & Wee, L. (eds.) (2018). Multilingual citizen. Towards a politics of language for agency and change. Multilingual Matters.
Mahon, K., Heikkinen, H., & Huttunen, R. (2019) Critical educational praxis in university ecosystems: enablers and constraints. Pedagogy, Culture & Society, 27(3), 463-480, DOI: 10.1080/14681366.2018.1522663.

Mathilde Anquetil

Université de Macerata (Itália)

Professeur de français en Italie depuis 1994, Mathilde Anquetil enseigne depuis 2009-2010 à l’Université de Macerata. Spécialiste en didactique du français langue étrangère, ses champs de recherche et d’action sont : l’éducation plurilingue et interculturelle, la politique linguistique, l’analyse du discours politique, l’analyse des interactions didactiques, l’intercompréhension entre langues romanes, la francophonie.

Notre intervention se situe en prolongement de deux événements interassociatifs : un « débat participatif » en 2019, dont il est rendu compte dans la revue de l’ACEDLE [1]. Pour notre part nous interrogions à cette occasion divers acteurs du secteur de la didactique de l’intercompréhension [2] quant au rôle de l’IC dans les sociétés mondialisées. Par ailleurs nous poursuivions cette réflexion avec M.C. Jamet lors de journées d’étude des associations Transit-lingua  et DoRif-Università en 2021 [3] où nous analysions le domaine des recherches et coopérations en IC entre l’Europe et les Amériques.

Il en ressort un tableau très vivace de la recherche/diffusion de l’IC qui se structure dans trois espaces géo-linguistico-politiques interconnectés :

  • en Europe une recherche/diffusion consolidée par les projets européens et le soutien institutionnel de la DGLFLF et de l’OIF;
  • la vigoureuse expansion et forte affirmation d’autonomie de recherches et diffusions contextualisées en Amérique Latine, avec des actions situées sur tout le continent et dans les institutions d’intégration continentale. On note aussi le fort potentiel de « l’interaméricanité » (Chardenet, 2017 [4] ; programme PRISA soutenus par l’AUF) ;
  • la récente « découverte » de l’IC dans le milieu académique anglophone, que ce soit dans les universités américaines mais aussi dans le domaine de la publication scientifique en anglais, comme le manifeste l’entrée remarquée de l’IC dans le très institutionnel Routledge Handbook or Plunilingual Language Education publié en 2022 au Royaume-Uni.

Les acteurs de l’IC sont porteurs d’un engagement proprement politique en faveur des droits linguistiques ; contre les hégémonies linguistico-culturelles, ils proposent de renforcer un espace discursif plurilingue qui a souvent une dimension citoyenne d’orientation altermondialiste [5]. Cependant l’actualité nous montre que la réaction à la globalisation économico-politique et ses dérivés dans notre domaine comme la glottophobie et l’injustice linguistique, va plus vers le renforcement des nationalismes et ethnicismes linguistiques [6] que vers la valorisation d’idéaux comme le Tout-Monde (Glissant, 1997 [7]), l’interlinguisme et l’Entre-les-langues (Chardenet 2013 [8]), la déterritorialisation des pratiques linguistiques et l’aménagement des relations entre les langues.

Nous examinerons quelques-uns des enjeux glottopolitiques qui traversent notre domaine, avant de conclure sur deux hypothèses concrètes de projets conjoints.


[1] « En quoi les langues ont-elles un rôle à jouer dans les sociétés mondialisées au sein d’une Europe fragilisée ? », Recherches en didactique des langues et des cultures [En ligne], 18-1 | 2021, URL : http://journals.openedition.org/rdlc/8548 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rdlc.8548
[2] Désormais IC.
[3] https://transitlingua.org/assets/transit-lingua-et-dorif_10ans-_programme.pdf vidéo sur https://www.youtube.com/watch?v=Aa7HFLrvi_A
[4] Chardenet P. (2017), Francoonie des Amériques ou (inter)américanité francophone? Un système d’action concret glottopolitique, in Synergies Argentine, n°5, Gerflint, https://gerflint.fr/Base/Argentine5/chardenet.pdf
[5] Cassen, B. (2005), Un monde polyglotte pour échapper à la dictature de l’anglais, Le Monde Diplomatique
[6] Sériot P. (2022), La logique des mots, Le temps, 28.02.2022. http://linguistiquement-correct.blogspot.com/2022/03/la-langue-russe-et-la-langue-ukrainienne.html
[7] Glissant E. (1997), Traité du Tout-Monde, Paris: Gallimard.
[8] Chardenet P. (2013). Éléments pour un interlinguisme méthodologique en quelques notions, in Éducation aux langues. Contextes et perspectives. Mélanges Jean-Claude Beacco, sous la direction de Sofia Stratilaki & Raphaelle Fouillet.

Danièle Moore

Simon Fraser University (Canada) et DILTEC Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle (France)

La contribution partage un moment de ma réflexion actuelle autour de quelques rôles de la photographie ethnographique et des méthodologies visuelles comme pratiques de formation-création à/par la recherche. Comment favoriser, par le sensible, le dialogue et la réflexion, l’entrée dans le mobilitaire et l’altéritaire, la conscientisation du plurilinguisme? Je nous invite à quelques déambulations dans des tissages, avec des enseignants en (auto)formation, d’expérimentations pluridisciplinaires, plurilingues et multisensorielles, à l’échelle du corps et de l’imagination en mouvement, construites sur le développement multi-situé de la connaissance et des savoirs. The presentation will be in English and French.

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